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Secrets de sang - Extrait de "La rencontre"

https://www.amazon.fr/Secrets-sang-Melody-ROCK/dp/1693645033/ref=la_B084Z6LLZS_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1583332928&sr=1-1Des larmes coulent le long de ses joues, elle recommence, hésite, se retient mais cède finalement à ce jeu dont elle raffole.
Léo travaille, il est infirmier de nuit, il ne rentrera que demain matin.
Mathilde et Léo sont des amants de peu de temps ; l’hiver dernier, un petit mal lui a valu un grand moment. Elle fut tout de suite séduite par l’élégance et la désinvolture de Léo, chevalier blanc des urgences de Pasteur, et Léo, par le sérieux de la nonchalance de Mathilde.
Cette nuit-là, il la guettait, elle venait d’être prise en charge pour une égratignure et une petite entorse ; il scrutait par la vitre du couloir les patients défilant, gémissant, râlant, suivait du regard les ombres derrière le carreau opaque espérant apercevoir le dessin de sa silhouette. Elle avait été rapidement conduite vers le Médecin avant même qu’il n’eût le temps de lui sourire, lui posant une poche de glace sur la cheville, attendri par le regard qu’il entraperçut furtivement. Il voulait revoir cette fille et souhaitait qu’elle ne sortît pas par l’accès de derrière. Entre chaque blessé qu’il accueillait, réconfortait, soignait, il ne pouvait s’empêcher de jeter un coup d’œil vers la grande porte escomptant qu’elle s’y profilât. Au petit jour, il se résigna, enfila son manteau et affronta le froid d’un matin d’hiver. Mathilde alliait charme et simplicité, ses cheveux châtain clair entremêlés avec un crayon qui ne pouvait retenir ses mèches folles mettant en lumière son doux et beau visage éclairé par de grands yeux verts. Son allure lui donnait l’air d’une nymphe. Il y pensait sans cesse, elle l’obnubilait, si bien qu’il réussit à se procurer son numéro de téléphone en fouinant dans les fichiers des urgences comme un malappris. Léo passa la majeure partie de la journée à ruminer, préparer son dialogue, son accroche, il redoutait un refus de cette jeune femme qui tout compte fait ne l’avait peut-être pas remarqué. Il envisagea même qu’elle ne décrochât pas ou qu’elle ne le prît pour un chasseur pervers à l’affût de proies fragiles.
Elle accepta sans hésitation l’invitation du beau Léo et lui suggéra même avec beaucoup de délicatesse de se retrouver chez elle, éprouvant encore quelques difficultés pour marcher. Quand il sonna, elle se sentit en émoi telle une fillette face à son premier amant, bafouilla même, ce qui amusa beaucoup Léo. Elle n’avait, elle non plus, pas eu le temps d’envisager un bavardage amoureux et pensait ne plus revoir ce beau garçon, qui, innocemment lui avait fait voler des papillons dans le ventre. Il avait une folle envie de la prendre dans ses bras ou plutôt de la posséder. Il ne savait rien d’elle, hormis qu’elle habitait à Saint-Laurent-du -Var, une petite ville près de Nice où il fait bon vivre.



Ils se dévoraient des yeux, baragouinant des mots absurdes qui les faisaient rire comme des enfants. Léo n’avait pas pris le temps de retirer son blouson, il avait suivi Mathilde jusqu’au salon où ils s’installèrent confortablement. Elle lui fit remarquer qu’il pouvait se séparer de sa veste et lui proposa de la pendre dans l’entrée. Elle ne se releva pas, évitant de piétiner, et lui offrit une visite guidée de son coquet logement depuis son canapé. Progressant dans ce petit monde féminin, il fut surpris d’apprécier ces odeurs de parfum dans la salle de bain, éclata de rire en franchissant le seuil de la porte du cabinet d’aisance avec son tableau noir sur lequel elle s’était appliquée à calligraphier quelques phrases complètement loufoques. Il n’osa pas poser sa main sur la poignée de porte de la chambre, malgré l’insistance de Mathilde depuis son sofa l’invitant à le faire. En pleine quiétude, il revint vers elle et ils trinquèrent à leur rencontre. A peine eut-elle trempé les lèvres dans son verre qu’elle devina la main de Léo dans ses cheveux. Tel un animal, elle bascula la tête en arrière, le serra de ses mains tout en lui offrant son cou ; il l’investissait tel un vampire, la mordait légèrement, l’aspirait du bout des lèvres, la caressait avec sa langue l’amenant ainsi jusqu’au désir intense…
...contenu réservé aux adultes...
Osmose, feu de la passion, le plaisir les inondait, les traversait, les envahissait jusqu’à leur faire tout oublier.
Mathilde et Léo sont devenus inséparables.

Il essayait de crier mais n’y parvenait pas. Où était-il, il ne lui restait aucun souvenir de la veille, avait-il trop bu, hier lui semblait si loin. Difficilement, il entrouvrit les yeux ne percevant qu’ombres et brume, rien de bien distinct. Il tenta alors de se lever, mais en vain, ses pieds et ses jambes lui semblaient aussi lourds que les haltères qu’il avait si souvent soulevés à la force de ses bras. Ses mains ne s’avéraient plus lui appartenir, elles pointaient raides et sèches au bout de ses poignets enserrés dans de beaux et gros bracelets d’acier.
« Je rêve, songea-t-il, qu’ai-je donc fait pour me retrouver dans un tel état, je ne sais plus, ne me souviens pas. Je referme les yeux, décida-t-il, j’essaie de me remémorer la soirée, le vide, le néant. »
Son corps si musclé lui sembla alors amaigri et fragilisé, chacun de ses gestes lui valant une douleur. Les yeux mi-ouverts, il comprit qu’il était bien au-delà d’une bonne biture. Peut-être était-il mort, était-ce le passage pour l’enfer ou le paradis, un accident de la route, un AVC. Ses doigts retrouvaient péniblement un peu de souplesse ce qui lui permit de tâter autour de lui, mais allait-il s’écorcher sur la fourche du diable. La guerre, voilà, c’était la guerre, il se voyait caché dans un abri antinucléaire, peut-être le seul survivant, c’était effroyable. Il venait de heurter je ne sais quel démon qui répondait par un bruit qui le fit tressaillir, d’abord lourd et assourdissant puis orchestré par des cliquetis de bris de verre retombant au sol. Il resta figé un long moment, le silence revenu, le silence redoutable qu’il craignait de percer et derrière lequel se cachait probablement l’horreur. Son bras droit lui faisait affreusement mal, il avait l’impression d’être tiré par les veines. Son cœur battait au rythme de sa souffrance, il retenait son souffle, sa respiration aurait pu aviser quelque étrange créature de sa présence, il restait transi, incapable de réflexion, la terreur le gouvernait.
Dans un instant d’espoir il cria « Lisa, Lisa aide-moi ! Mais où es-tu ? » ; sa voix résonnait, son écho lui revint mais Lisa ne répondait pas. « Lisa », supplia-t-il une dernière fois.


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